USA, Maroc, Mali, Palestine, Israël, Sahel… Le Président expose la ligne diplomatique algérienne
Dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a accordé un entretien au média français L’Opinion, abordant sans détour les relations internationales de l’Algérie, notamment avec les États-Unis, la France, Israël, le Sahel et, bien entendu, le Maroc.
En effet, abordant la question des relations avec Washington, le président algérien a souligné la constance des liens bilatéraux à travers les différentes administrations américaines. « Nos relations sont restées bonnes avec tous les différents présidents américains, qu’ils soient démocrates ou républicains », a-t-il affirmé. Rappelant que Donald Trump l’avait félicité dès son élection en 2019, tout en pointant du doigt la lenteur du président français Emmanuel Macron à réagir, ce dernier ayant pris quatre jours pour « prendre acte » du scrutin.
Le président a également mis en avant l’histoire commune entre l’Algérie et les États-Unis, rappelant que « c’est le seul pays qui a une ville du nom de notre héros national, l’émir Abdelkader ». Il a aussi insisté sur l’implication américaine dans de nombreux projets économiques algériens, notamment dans les hydrocarbures.
La Palestine : une ligne rouge pour Alger
Interrogé sur la position de Donald Trump vis-à-vis de la question palestinienne, notamment son souhait de « nettoyer » Gaza, le président algérien a tenu à nuancer cette déclaration, tout en réaffirmant l’engagement indéfectible de son pays envers la cause palestinienne. « L’Algérie est entière. Elle a du mal à comprendre le double standard. Il faudrait condamner l’intervention en Ukraine, mais pas l’annexion du Golan ou du Sahara occidental », a-t-il déclaré.
Concernant une possible normalisation des relations avec Israël, Tebboune a été clair : « Bien sûr, le jour même où il y aura un État palestinien. Ça va dans le sens de l’histoire».
Le Sahel et le Mali : rejet des accusations et mise en garde contre Wagner
L’Algérie, qui joue un rôle central dans la région du Sahel, a été accusée par la junte malienne de soutenir des groupes terroristes. Une allégation que Tebboune qualifie d’« aberrante ». Il rappelle dans ce sens que l’Algérie a permis la signature de l’Accord de paix d’Alger et qu’elle était prête à financer un plan de développement pour le nord du Mali à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars.
Sur la présence du groupe Wagner à sa frontière, il se montre ferme : « Nous avons seulement du mal à accepter la présence de groupes paramilitaires comme Wagner à notre frontière. Nous l’avons d’ailleurs dit à nos amis russes».
Soutien inébranlable à la Tunisie
Malgré les critiques internationales sur le recul des libertés politiques en Tunisie, Abdelmadjid Tebboune défend son homologue Kaïs Saïed, qu’il considère comme un homme d’État légitime : « Mon frère, le président tunisien, est un universitaire reconnu, populaire, qui continue à aller faire ses courses au marché» tout en assurant que la Tunisie « mérite d’être soutenue, le temps de passer cette conjoncture difficile ».
Le Maroc : des tensions qui perdurent
Sans surprise, la question du Maroc a occupé une place importante dans l’entretien. Le Président a rappelé que « le Maroc a été le premier à vouloir porter atteinte à l’intégrité de l’Algérie avec son agression en 1963, neuf mois après notre indépendance » tout en dénoncant les « visées expansionnistes » de Rabat et son alignement avec l’entité sioniste. Dans ce sillage, le président a ajouté « nous leur avons récemment interdit le survol de notre espace aérien parce qu’ils réalisent des exercices militaires conjoints avec l’armée israélienne à notre frontière, ce qui est contraire à la politique de bon voisinage que nous avons toujours essayé de maintenir ».
Concernant le Sahara occidental, il rejette toute reconnaissance marocaine et rappelle la position de la justice internationale : « La Cour internationale de Justice a dit qu’il n’y avait aucun lien de tutelle entre le Sahara occidental et le Maroc, si ce n’est des relations économiques».
Si le président algérien réaffirme la rupture diplomatique, il conclut néanmoins en insistant sur un point : « Le peuple marocain est un peuple frère pour lequel nous ne souhaitons que le meilleur».