Sonatrach investit 64,3 millions d’euros pour moderniser Medgaz et sécuriser ses exportations en Europe
Dans un marché européen du gaz de plus en plus compétitif, l’Algérie affûte ses armes pour préserver ses parts de marché. Le groupe Sonatrach, pilier de l’industrie énergétique nationale, a fait le choix stratégique d’investir significativement dans la modernisation de ses infrastructures de transport, en particulier le gazoduc Medgaz. Un engagement qui témoigne de la volonté du groupe de sécuriser ses exportations vers l’Europe et de consolider sa position d’acteur majeur dans l’approvisionnement énergétique du continent.
En effet, en collaboration avec Naturgy et le fonds américain Blackrock, Sonatrach, acteur clé de l’industrie gazière régionale, a investi un montant record de 64,3 millions d’euros en 2023, soit une hausse de 11 % par rapport aux 58 millions d’euros consacrés en 2022, selon le média espagnol Economia Digital. Cet investissement vise à renforcer ses capacités techniques face à la concurrence croissante du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis.
Ces fonds ont été alloués principalement à l’inspection et à l’entretien de composants critiques, notamment des turbocompresseurs et des turbogénérateurs, comme l’indiquent les rapports annuels de Medgaz, déposés au registre du commerce et analysés via la solution Insight View.
Ainsi, en 2023, l’Espagne a intensifié ses achats de GNL américain, enregistrant au mois de novembre une domination temporaire des États-Unis comme principal fournisseur de gaz naturel du pays. Durant cette période, le gaz américain a couvert 37 % des besoins espagnols, contre 27,6 % pour l’Algérie.
Dans ce contexte concurrentiel, Medgaz, société propriétaire du gazoduc reliant directement l’Algérie à l’Espagne, détenue à 51 % par Sonatrach et à 49 % par Naturgy, a concentré ses efforts sur l’entretien de ses infrastructures stratégiques. L’objectif est d’assurer une performance optimale du gazoduc qui relie Beni Saf, en Algérie, à Almeria, en Espagne, tout en maintenant son statut de route d’approvisionnement la plus économique pour le gaz naturel algérien vers l’Europe.
Malgré un chiffre d’affaires avoisinant les 300 millions d’euros, Medgaz a enregistré en 2023 une baisse de 3 % de ses bénéfices, qui s’élèvent à 132 millions d’euros. Cette diminution résulte principalement de l’accroissement des investissements et de l’absence de revenus exceptionnels, comme l’indemnité de 500.000 euros perçue en 2022 pour un retard de chantier.
Contrats à long terme : un pilier de stabilité
Selon les commissaires aux comptes de Medgaz, 98 % des revenus de la société proviennent de contrats à long terme dits « ship or pay » (SOPA), couvrant une période de 20 ans, extensible de 15 ans supplémentaires. Ces accords garantissent des revenus fixes, même si les capacités de transport de gaz ne sont pas pleinement utilisées par les clients, parmi lesquels figurent Sonatrach, Naturgy, Engie, Endesa Generación et Moeve.
Pour rappel, depuis 2017, Medgaz a entrepris des projets majeurs pour augmenter ses capacités, notamment la construction d’un nouveau turbocompresseur d’une capacité supplémentaire de 2 milliards de m³ de gaz naturel, pour un investissement total de 82 millions d’euros.
Les efforts d’entretien et de modernisation entrepris en 2023 visent donc à protéger les infrastructures de Medgaz contre les risques technologiques et opérationnels, tels que les interruptions de service. Pour les années à venir, la société table sur une augmentation continue de ses revenus grâce à sa position stratégique unique en tant que corridor direct pour le gaz algérien vers l’Europe.
Medgaz prévoit également une réduction progressive de sa dette financière, ce qui renforcera sa résilience face aux fluctuations des marchés, aux changements réglementaires et aux cycles économiques.
Avec des investissements stratégiques et un modèle économique solide, Sonatrach et ses partenaires réaffirment leur engagement à pérenniser Medgaz en tant qu’élément essentiel de la compétitivité énergétique algérienne et de l’approvisionnement en gaz naturel de l’Europe.