Maroc: une guerre souterraine entre segments musclés de l’Etat éclate au grand jour
Une guerre souterraine entre segments musclés de l’Etat éclate au grand jour au Maroc, a indiqué le journaliste et ancien diplomate marocain, Ali Lamrabet, évoquant une dérive autoritaire au sein de l’appareil sécuritaire marocain centrée sur la personnalité du chef des services de renseignement, Abdellatif Hammouchi. « Une guerre souterraine entre segments musclés de l’Etat éclate au grand jour au Maroc, et révèle que le commissaire Abdellatif Hammouchi, chef suprême de la DGSN (Direction générale de la sûreté nationale), la police normale et courante, et de la DST (Direction de la surveillance du territoire), la police politique, agit à sa guise », a écrit Ali Lamrabet dans une publication sur les réseaux sociaux. Evoquant les dessous d’une affaire rocambolesque dans laquelle les dérives autoritaires et les rivalités au sein de l’appareil sécuritaire marocain sont révélées au grand jour, il a expliqué que Hammouchi a « employé un site financé par des fonds secrets et lié à la DST, +Barlamane.com+ pour attaquer son grand rival de la DGED, le service de renseignement extérieur et plusieurs de ses responsables, dont le DG ». Ali Lamrabet a, en outre, révélé comment une « vulgaire affaire de licence d’exploitation » obtenue « le plus légalement du monde » est transformée en affaire de terrorisme sans qu’aucune preuve ne soit présentée. Pour essayer d’atteindre l’ancien numéro 2 de la DGED, Mehdi Hijaouy, en fuite à l’étranger, « Hammouchi a fait donner la Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ), une unité d’élite qui s’occupe uniquement des grandes affaires judiciaires ». « La BNPJ a alors fermé un SPA à Rabat qui appartient à l’épouse de Hijaouy, arrêté le plus haut responsable des licences d’exploitation de commerces à la mairie, ainsi qu’une fournée de quidams, et les a présentés fissa devant une juridiction chargée des affaires de terrorisme », a-t-il expliqué, relevant que l’avocate des prévenus était « tombée des nues » en apprenant les charges retenus contre eux en se demandant comment une banale affaire de licence pouvait être jugée devant cette juridiction. Citant un témoin, il a fait savoir que « les magistrats de cette juridiction chargée des affaires de terrorisme, pourtant formés à l’école de la DST étaient médusés, voire tétanisés ». Le journaliste et ancien diplomate a révélé une autre dérive en indiquant que « Barlamane.com, fidèle chien de garde de la DST a insinué que le propre ministre de tutelle de la DGSN et de la DST, le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Leftit, serait partie prenante d’un complot contre l’Etat ». L’insinuation « répétée à deux reprises » constitue une escalade majeure et représente une rupture de la chaîne hiérarchique constitutionnelle au Maroc. D’ailleurs, Ali Lamrabet a souligné qu' »en haut lieu, on raconte que dans l’armée et la gendarmerie royale, on commence à froncer les sourcils et à s’inquiéter de la dangereuse dérive de Hammouchi ». Ainsi, le conflit DST/DGED révèle des fractures profondes au sein de l’appareil sécuritaire marocain. L’utilisation de moyens disproportionnés (BNPJ, juridiction antiterroriste pour une affaire administrative témoignant de l’intensité de ces rivalités.