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Cultures stratégiques : le Sud au cœur de la sécurité alimentaire

Alors que les enjeux climatiques et économiques redéfinissent les priorités agricoles du pays, le Sud algérien s’impose, saison après saison, comme un moteur inattendu mais puissant de la souveraineté alimentaire nationale. Du blé au tournesol, les cultures stratégiques s’épanouissent désormais là où, hier encore, seules les dunes régnaient.

En effet, loin de son image de désert stérile, le Sahara algérien se transforme progressivement en véritable grenier national. Cette mutation, fruit d’une politique volontariste et de partenariats public-privé ambitieux, se traduit aujourd’hui par des résultats concrets et prometteurs. À la croisée des défis agricoles et énergétiques, le sud du pays écrit une nouvelle page de son histoire : celle de la conquête agricole.

Dans ce contexte, le rôle de l’entreprise nationale Sonatrach, traditionnellement associée aux hydrocarbures, prend une dimension inédite. À travers sa filiale agroalimentaire A3, la compagnie a investi massivement dans la culture du blé tendre et de l’orge dans quatre wilayas stratégiques : Adrar, Touggourt, Ouargla et Saïda. Résultat : des rendements spectaculaires, atteignant et même dépassant les 60 quintaux à l’hectare dans certaines zones comme Touggourt, selon les déclarations de Mohamed Amine Bouhouhou, directeur de l’agriculture de la wilaya.

Ces performances remarquables ne doivent rien au hasard. Derrière cette réussite se cache une stratégie méthodique, fondée sur l’innovation et l’adaptation aux spécificités climatiques extrêmes du Sud. « Des études techniques approfondies ont précédé le lancement de chaque projet », explique Abdellah Arar, directeur général de la société A3. L’irrigation de précision, la mécanisation avancée et l’optimisation des intrants figurent parmi les clés de ce succès agricole en milieu saharien.

L’effet d’entraînement est palpable. D’autres régions du Sud, à l’instar de Timimoun, El Menia, Illizi ou encore Oued Souf, suivent la même dynamique. À terme, cette montée en puissance pourrait permettre à l’Algérie de réduire drastiquement ses importations de céréales et de stabiliser ses marchés internes.

L’avenir s’annonce d’autant plus prometteur que de nouveaux projets sont déjà en cours. À El Menia, la société A3 s’apprête à lancer une nouvelle exploitation agricole de grande envergure. Cette wilaya, appelée à jouer un rôle pivot dans les années à venir, attire également l’attention d’investisseurs étrangers. Des partenariats algéro-italiens et algéro-saoudiens y sont en gestation, portant sur des cultures à haute valeur ajoutée telles que la betterave sucrière et le tournesol.

Face à des récoltes exceptionnelles, les autorités n’entendent pas se laisser surprendre. Le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a ordonné la mobilisation de moyens logistiques conséquents pour garantir une campagne moisson-battage efficace et sans perte. Moissonneuses-batteuses, camions de transport et dispositifs de stockage sont déjà en route vers les zones les plus productives, notamment Adrar, Timimoun, Ouargla et El Menia.

Au-delà des chiffres, c’est une véritable transformation géopolitique de l’agriculture nationale qui se dessine. Le Sahara, longtemps marginalisé dans les politiques agricoles classiques, s’affirme aujourd’hui comme une terre d’avenir. Un pari audacieux, devenu aujourd’hui une certitude : la sécurité alimentaire de l’Algérie passera, de plus en plus, par le Sud.

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