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Bamako à l’arrêt : La crise du carburant révèle les fragilités du Mali

Depuis plusieurs jours, la capitale malienne est plongée dans un quasi-immobilisme. Bamako vit au rythme des pénuries : les stations-service, prises d’assaut dès l’aube, voient se former des files interminables de véhicules, certains à court d’essence depuis des heures. Dans une chaleur écrasante, les conducteurs patientent dans l’espoir d’obtenir quelques litres de carburant, souvent en vain. Le marché noir, lui, s’est engouffré dans la brèche : les prix y atteignent plus du double du tarif habituel.

En effet, les conséquences économiques de cette crise se font sentir à tous les niveaux. Les transports publics sont à l’arrêt, les motos-taxis – véritable poumon de la mobilité urbaine – ont déserté les rues, et de nombreuses entreprises ont suspendu leurs activités. Dans les marchés populaires comme celui de Medina-Coura, les étals se vident et les prix des denrées flambent.
Au cœur de cette crise, un facteur majeur : un blocus imposé par des groupes armés sur plusieurs axes routiers stratégiques, notamment ceux reliant Bamako aux ports de ravitaillement. Ces voies constituent les artères vitales du pays, permettant l’acheminement du carburant et des marchandises importées. Leur fermeture a suffi à paralyser le pays.

Selon les autorités maliennes, un plan d’urgence a été déclenché. Le ministère des Transports et des Infrastructures évoque des « mesures logistiques et sécuritaires » pour escorter les convois et rétablir la distribution. Mais la réalité sur le terrain reste inchangée : les réservoirs sont vides et la population, à bout de patience.

Par ailleurs, les ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique suspendent les cours dans tous les établissements scolaires et universitaires à compter du lundi 27 octobre.

Au-delà des difficultés d’approvisionnement, cette pénurie met en lumière la vulnérabilité structurelle du Mali, pays enclavé dépendant fortement de ses voisins côtiers pour son approvisionnement énergétique.
Le blocus illustre aussi la complexité sécuritaire du Sahel, où la multiplication des groupes armés – parfois liés à des trafics régionaux – fragilise les chaînes économiques et renforce les dépendances extérieures. Dans ce contexte, la question du contrôle des routes commerciales devient éminemment politique.

Face à cette crise, certains observateurs voient dans la situation actuelle un rappel de l’importance stratégique des routes sahariennes et de la coopération régionale. L’Algérie, qui partage une longue frontière avec le Mali, demeure l’un des rares États de la région à disposer d’une capacité logistique, énergétique et diplomatique suffisante pour peser sur les équilibres.
Ces derniers mois, Alger a multiplié les initiatives pour renforcer la sécurité transfrontalière et promouvoir une intégration énergétique sahélo-maghrébine. Ses infrastructures pétrolières, combinées à une stabilité politique, en font un partenaire potentiel dans toute stratégie régionale de sécurisation des approvisionnements.
Toutefois, certains experts soulignent que les tensions diplomatiques et les actes hostiles récemment observés à l’encontre de l’Algérie ont, paradoxalement, contribué à accentuer les difficultés du Mali. En perturbant les mécanismes de coopération régionale, ces frictions ont limité l’accès à des solutions logistiques et énergétiques alternatives, aggravant ainsi la vulnérabilité économique et sécuritaire de la capitale.

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