Autosuffisance alimentaire : l’Algérie récolte les fruits de ses efforts
Forte d’une récolte exceptionnelle pour la saison 2023-2024, l’Algérie se rapproche significativement de son objectif d’autonomie alimentaire. Cette avancée notable, fruit d’investissements substantiels et d’une stratégie agricole ambitieuse, laisse entrevoir des perspectives prometteuses, notamment dans les secteurs vitaux des céréales et des légumineuses.
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait déclaré lors d’une rencontre avec des médias qu’il visait à « mettre l’Algérie à l’abri », une annonce qu’il faisait alors qu’il officialisait sa candidature pour un second mandat. Cette ambition de protéger l’Algérie se concrétise notamment par la volonté de réduire la dépendance alimentaire, un enjeu majeur face aux variations des marchés mondiaux, aux conflits régionaux imprévisibles et aux sécheresses liées au réchauffement climatique. Il s’agit non seulement de garantir l’autosuffisance pour des produits alimentaires stratégiques (comme le blé dur, les légumineuses, le lait, le maïs…), mais aussi de faire de l’Algérie un acteur exportateur de ses surplus agricoles.
Afin de réaliser cet objectif, l’État a conçu une stratégie articulée autour de trois axes principaux : la consolidation des acquis, la modernisation et la régulation de l’agriculture, ainsi que l’encouragement des investissements agricoles. La consolidation des acquis repose sur la préservation des terres agricoles existantes, afin de prévenir leur abandon ou leur appropriation par des intérêts immobiliers. Il est aussi crucial que la production agricole ne diminue pas, voire qu’elle augmente, pour satisfaire les besoins du pays. Parallèlement, il est nécessaire de lutter contre la spéculation, notamment les cas de destruction volontaire de récoltes pour faire grimper les prix. La modernisation de l’agriculture inclut l’amélioration des équipements et la gestion des récoltes, avec un soutien de l’État pour faciliter l’accès des agriculteurs et des coopératives aux technologies modernes et aux infrastructures de stockage. La régulation du secteur est également renforcée grâce à la numérisation, comme en témoigne le Recensement général de l’agriculture (RGA), qui a permis de mieux délimiter les terres agricoles et de mieux comprendre la répartition des cultures.
Un aspect fondamental de cette stratégie est l’ouverture du secteur agricole aux investissements, notamment dans le grand Sud du pays. Ces dernières années, de nombreux investisseurs algériens se sont orientés vers la culture des céréales, soutenus par des facilités offertes par l’État, telles que des concessions de terres, des aides à l’acquisition de matériel et un meilleur accès à l’irrigation. Ce secteur attire également des investisseurs étrangers : le groupe italien Best Food a investi 420.000 euros dans un projet de culture de céréales et de légumineuses à Timimoun, sur une superficie de 36.000 hectares. Une joint-venture algéro-saoudienne a, pour sa part, injecté 90 millions de dollars dans un projet agricole et d’élevage à Hassi Gara (El Ménéa), sur 20.000 hectares. Le groupe qatari Baladna Food Industries a lancé un projet ambitieux de production d’aliments pour le bétail, de lait en poudre et de lait infantile, avec un investissement de 3,5 milliards de dollars, couvrant 117.000 hectares à Timokten (Adrar). D’autres projets sont en cours, dont une joint-venture algéro-chinoise pour un projet d’élevage avicole à Adrar. Ces initiatives illustrent l’essor des investissements agricoles, même dans des régions désertiques. À ce sujet, l’ambassadeur de la République de Corée du Sud à Alger a récemment visité El Ménéa pour explorer les opportunités d’investissement dans ce domaine.
En parallèle, des groupes industriels algériens, qu’ils soient publics ou privés, ont également investi dans des cultures stratégiques telles que le tournesol, le soja, la betterave sucrière et le maïs. Ces cultures ont pour objectif de réduire les importations et de renforcer la production locale. De plus, la culture de l’arganier, bien adaptée au climat algérien, est en plein développement.
Ce dynamisme dans le secteur agricole laisse entrevoir que l’autosuffisance alimentaire n’est pas une utopie. Si tous les acteurs s’engagent résolument dans cette direction, il existe des raisons solides de croire en sa réalisation.