Algérie–UE : vers un nouveau pacte stratégique euro-méditerranéen

À l’heure où l’Algérie s’impose comme un acteur incontournable sur l’échiquier énergétique et sécuritaire régional, l’Union européenne multiplie les signaux en faveur d’un partenariat renforcé et équilibré. C’est dans cet esprit que s’inscrit le projet d’un « Pacte pour la Méditerranée », actuellement en gestation, et qui devrait poser les jalons d’une coopération renouvelée à l’horizon 2025.
En effet, dans un entretien accordé au journal Echorouk, l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado Pascua, a dressé un état des lieux optimiste et ambitieux des relations bilatérales. Selon lui, Alger et Bruxelles sont à un tournant stratégique. « Nous voulons aller au-delà du cadre actuel de l’Accord d’association, qui fêtera ses 20 ans en 2025, pour inscrire notre partenariat dans une vision globale, profitable aux deux rives », a-t-il déclaré.
Un partenariat à revisiter
Consciente des déséquilibres que l’Accord de 2005 a pu engendrer, l’Algérie a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de le réévaluer. Une démarche accueillie avec pragmatisme par l’Union européenne, qui entend intégrer cette réflexion dans le futur pacte. « Il s’agit de bâtir une coopération fondée sur l’investissement, la création de valeur locale et le transfert technologique », souligne l’ambassadeur.
Dans un contexte de transition énergétique accélérée en Europe, l’Algérie se présente comme un partenaire stratégique de premier plan. Fournisseur historique de gaz naturel, le pays entend désormais jouer un rôle central dans le développement des énergies renouvelables. Le lancement récent du projet TAKATI sur l’hydrogène vert illustre cette dynamique nouvelle. « Nous travaillons à une future interconnexion entre l’Algérie et l’Italie, capable d’acheminer cette énergie propre vers l’Europe », a précisé M. Pascua.
Au-delà de l’énergie, l’Union européenne souhaite accompagner l’Algérie dans sa quête de diversification économique. La promotion de zones économiques spéciales et l’échange de savoir-faire avec des pays comme la Pologne sont autant de pistes évoquées pour stimuler l’investissement et moderniser l’appareil productif national.
Une convergence sur les grands enjeux régionaux
La coopération ne se limite pas aux seuls aspects économiques. Face aux crises multiples qui secouent la région du Sahel, l’UE reconnaît pleinement le rôle stabilisateur de l’Algérie. Une visite prochaine du représentant spécial européen pour la région est d’ailleurs attendue à Alger, preuve du dialogue politique constant entre les deux parties.
Par ailleurs, la participation de l’Algérie aux programmes européens comme Erasmus+ constitue un autre levier de rapprochement. « De nombreux étudiants algériens bénéficient déjà de ces échanges. Nous voulons élargir et approfondir cette coopération académique », a affirmé le diplomate.
Cap sur 2025
L’année 2025 s’annonce donc décisive. Elle marquera non seulement deux décennies de coopération euro-algérienne mais pourrait aussi voir l’adoption d’un nouveau cadre stratégique : le Pacte pour la Méditerranée. Un pacte fondé sur une vision partagée des défis et des opportunités, dans un monde de plus en plus fragmenté. Pour l’ambassadeur européen, « le temps est venu de construire une alliance solide, tournée vers l’avenir, où l’Algérie et l’Europe co-construisent un espace euro-méditerranéen résilient, durable et prospère ».