Affaire Boualem Sansal : Le président répond aux critiques et fustige une instrumentalisation politique
L’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal continue d’alimenter les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France. Alors que des comités de soutien se mobilisent en France et que le président Emmanuel Macron a dénoncé une Algérie « qui entre dans une histoire qui le déshonore », le chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, a répondu sans détour aux critiques dans un entretien avec le média francais « l’Opinion », en affirmant que cette affaire relevait d’une instrumentalisation politique.
En effet, interrogé sur les raisons pour lesquelles un écrivain de 75 ans pourrait être perçu comme une menace pour la sécurité nationale, Abdelmadjid Tebboune a balayé les accusations. Pour lui, Boualem Sansal est avant tout une figure utilisée dans une campagne contre l’Algérie. « Boualem Sansal n’est pas un problème algérien. C’est un problème pour ceux qui l’ont créé. Jusqu’à présent, il n’a pas livré tous ses secrets », a-t-il déclaré, insinuant des liens entre l’écrivain et certaines sphères politiques françaises.
Le président a notamment mis en avant la proximité de Sansal avec des figures de l’appareil diplomatique français, évoquant un dîner entre l’écrivain et l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, réputé pour sa haine contre l’Algérie, et ce, juste avant son départ pour l’Algérie. « Ce dernier est lui-même proche de Bruno Retailleau qu’il devait revoir à son retour », a ajouté le président, laissant entendre que l’affaire dépassait le cadre strictement judiciaire.
Si le Parlement européen a adopté une résolution pour réclamer la libération de Boualem Sansal, le président a tenu à souligner que d’autres organisations ont pris une position différente. « Les parlements panafricain, arabe et islamique se sont montrés solidaires avec l’Algérie », a-t-il rappelé, tout en insistant sur le fait que l’affaire ne saurait être réduite à un différend franco-algérien.
Concernant la récente acquisition de la nationalité française par l’écrivain – un argument mis en avant par ses soutiens –, M.Tebboune a minimisé cette donnée. « Sansal n’est français que depuis cinq mois… Il est d’abord algérien depuis soixante-quatorze ans », a-t-il tranché, soulignant que l’auteur avait occupé un poste de responsabilité au sein du ministère de l’Industrie et qu’il percevait une retraite algérienne.
Ainsi, face aux interrogations sur son état de santé, Abdelmadjid Tebboune a assuré que Boualem Sansal était bien pris en charge en détention. « Il a eu un check-up complet à l’hôpital, il est pris en charge par des médecins et sera jugé dans le temps judiciaire imparti », a-t-il déclaré. Il a également précisé que l’écrivain pouvait téléphoner « régulièrement à sa femme et à sa fille ».
Quant aux éventuelles mesures de clémence, le président est resté ferme et intransigeant. Alors que certains évoquent une grâce présidentielle pour raisons humanitaires, il a simplement répondu : « Je ne peux présager de rien ».